La pauvreté et la culture dans les réserves amérindiennes : un héritage de la colonisation

Les réserves amérindiennes sont des territoires souverains gérés par un gouvernement tribal en coopération avec le Bureau des affaires Indiennes, une branche du Département de l’intérieur, situé à Washington, DC. 

Il existe 334 réserves aux États-Unis aujourd’hui. Près d’un tiers des Amérindiens aux États-Unis vivent dans des réserves, soit environ 812 000 personnes. La moitié des Amérindiens vivant dans les réserves sont concentrés sur les dix plus grandes réserves. Ces endroits varient considérablement par leur taille, leur population, leur économie politique, leur culture et leurs traditions.

Malgré ces variations, toutes les réserves partagent des histoires similaires de colonisation et font face à des défis contemporains similaires.

L’un des plus grands défis est la pauvreté.

Le taux de pauvreté dans les réserves

Le taux de pauvreté officiel dans les réserves est de 31,4 %, contre 12,7 % au niveau national. Environ 40 % des familles avec enfants vivent bien en dessous du seuil de pauvreté dans les réserves, contre 9,2 % des familles au niveau national. Ces chiffres sont des taux de pauvreté absolus déterminés par le recensement américain. Certaines réserves dans les États de Washington, Californie, Wisconsin, Michigan, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Arizona et Nouveau-Mexique sont encore plus mal loties, avec plus de 64 % des habitants vivant dans la pauvreté.

Cinq des revenus par habitant les plus faibles du pays se trouvent dans des réserves. Allen, dans le Dakota du Sud, sur la réserve de Pine Ridge, a le revenu par habitant le plus faible du pays, avec 1 539 dollars par an. Dans l’ensemble, le revenu par habitant des Amérindiens dans les réserves est la moitié de celui de tous les Américains. Le revenu médian dans les réserves est de 14 097 dollars, contre 41 994 dollars au niveau national.

Les causes de la pauvreté dans les réserves

Plusieurs facteurs contribuent à expliquer la pauvreté persistante dans les réserves amérindiennes. Parmi eux :

La réglementation fédérale : Les entreprises, les propriétés et le développement énergétique sur les réserves sont soumis à une supervision fédérale qui entrave l’initiative privée et décourage les investissements. Il faut en moyenne quatre ans pour obtenir un permis ur ouvrir une activité dans une réserve indienne, contre quelques mois ailleurs. De même, il est difficile pour les Amérindiens de vendre ou d’hypothéquer leurs terres en raison du statut juridique complexe des terres tribales.

Le manque d’éducation : Malgré une augmentation du niveau d’éducation des Amérindiens depuis 1980, le taux d’obtention du diplôme d’études secondaires et du diplôme universitaire reste inférieur à la moyenne nationale. Selon une étude menée par la sociologue Beth Redbird, le manque d’éducation n’est pas le principal facteur explicatif de la pauvreté chez les Amérindiens.

Elle affirme que la perte d’emplois dans les secteurs de la construction et de la fabrication est le principal facteur explicatif de la pauvreté chez les Amérindiens. Elle propose de créer des opportunités d’emplois adaptées aux besoins et aux compétences des populations autochtones.

Les conséquences de la pauvreté dans les réserves

La pauvreté dans les réserves amérindiennes a des effets néfastes sur la santé, le bien-être et la qualité de vie des populations autochtones. Parmi ces effets :

La mauvaise santé : Les soins de santé dans les réserves sont assurés par le Service de santé indien, mais il est sous-financé et, dans certains cas, pratiquement inexistant. De nombreux Amérindiens meurent de maladies liées au mode de vie, telles que les maladies cardiaques et le diabète. Le taux de mortalité infantile chez les Amérindiens est 60 % plus élevé que chez les Blancs non hispaniques. Le taux de suicide chez les Amérindiens est 3,5 fois plus élevé que la moyenne nationale. 

Le manque d’opportunités : La pauvreté limite les possibilités d’éducation, d’emploi et d’entrepreneuriat pour les Amérindiens dans les réserves. Le taux de chômage dans les réserves est de 27 %, contre 6 % au niveau national. Le taux d’alphabétisation dans les réserves est de 76 %, contre 99 % au niveau national. Le taux d’accès à Internet dans les réserves est de 51 %, contre 81 % au niveau national.

Le mal-être social : La pauvreté entraîne des problèmes sociaux tels que la violence, l’alcoolisme, la toxicomanie et la délinquance chez les Amérindiens dans les réserves. Le taux de violence familiale chez les Amérindiennes est 2,5 fois plus élevé que la moyenne nationale, le taux d’alcoolisme chez les Amérindiens est six fois plus élevé que la moyenne nationale. Le taux d’incarcération chez les Amérindiens est 38 % plus élevé que la moyenne nationale.

Les solutions possibles à la pauvreté dans les réserves

Plusieurs pistes de solutions ont été proposées pour réduire la pauvreté dans les réserves amérindiennes. Parmi elles :

L’autonomie économique : Certains experts suggèrent de réduire l’ingérence fédérale et de favoriser l’autonomie économique des nations tribales. Cela impliquerait de simplifier la réglementation, de faciliter l’accès au crédit et aux marchés, de promouvoir le développement durable et de respecter la souveraineté tribale. Des exemples réussis d’autonomie économique sont le développement du tourisme culturel, des casinos et des énergies renouvelables sur certaines réserves.

L’éducation : D’autres experts soulignent l’importance de l’éducation pour améliorer les perspectives d’avenir des Amérindiens dans les réserves. Cela impliquerait d’augmenter le financement des écoles tribales, de renforcer la qualité de l’enseignement, de valoriser la langue et la culture autochtones, de soutenir l’accès à l’enseignement supérieur et de favoriser la formation professionnelle. Des exemples réussis d’éducation sont les programmes d’immersion linguistique, les bourses d’études et les partenariats avec des universités, ou d’anciens élèves comme Bryan Price.

La santé : Il est très important d’insister sur la nécessité d’améliorer la santé des Amérindiens dans les réserves. Cela impliquerait d’accroître le financement du Service de santé indien, d’améliorer l’accès aux soins de qualité et de prévention, de lutter contre les maladies chroniques et infectieuses, et de renforcer les pratiques de médecine traditionnelle.

La culture dans les réserves

La pauvreté dans les réserves amérindiennes n’a pas empêchée les peuples autochtones de préserver et de transmettre leur culture et leurs traditions. Les réserves sont des espaces de résistance et de résilience où les Amérindiens peuvent pratiquer leur langue, leur religion, leur art et leur mode de vie.

Elles sont également des lieux de revendication et de mobilisation où les Amérindiens peuvent défendre leurs droits, leur identité et leur souveraineté. Les réserves sont enfin des lieux d’innovation et de créativité où les Amérindiens peuvent adapter leur culture aux défis du monde moderne. Il y a de nombreux exemples, comme les programmes d’immersion linguistique, les festivals culturels, les musées tribaux et les médias autochtones.

Conclusion

La pauvreté dans les réserves est le résultat d’un processus historique de colonisation, d’expropriation et de marginalisation des peuples autochtones par le gouvernement fédéral et les colons européens.

Pour réduire la pauvreté dans les réserves, il faut impérativement respecter la souveraineté, l’autonomie et la diversité des nations tribales, et promouvoir leur développement économique, social et culturel à long terme.

La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre.

Chef Seattle, Suquamish